Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises ne génèrent pas de bénéfices de leurs investissements numériques. 3 raisons principales expliquent ce phénomène et ont été mises en évidence par de nombreuses études et recherches académiques.

• Le Fantasme technologique
• Une gouvernance déficiente
• Ingénierie IT vs Ingénierie SI

Ne pas céder au Fantasme Technologique
De nombreuses entreprises mettent en avant la technologie plutôt que le besoin à créer ou à satisfaire. Or, une technologie ne créée pas de la valeur en tant que telle aussi magnifique soient les possibilités qu’elle offre (IA, IoT, Cloud, etc…)
Ce n’est que leur usage dans un contexte particulier qui pourra apporter un bénéfice à l’entreprise. Ce bénéfice sera en général issu d’un changement du modèle d’affaire, de l’organisation du travail, de l’exploitation des données.  

Attention à ne pas se lancer dans une transformation sans véritable Gouvernance numérique
Des études récentes ont pu établir pour la première fois une corrélation entre la performance d’une entreprise et son niveau de gouvernance. C’est pourquoi, tous les programmes de transformation qui ne s’appuient pas sur des dispositifs éprouvés de gouvernance en intégrant la Direction générale, sont voués à l’échec.

Enfin, ne pas favoriser l’Ingénierie IT sans repenser le Système d’Information
Nombre de décideurs confondent Ingénierie Informatique et Ingénierie du Système d’Information. L’Ingénierie Informatique se concentre sur l’élaboration et le développement d’outils informatiques alors que l’Ingénierie du Système d’Informations (notion bien plus large), intègre, en sus, l’organisation des processus, les Hommes, les données, etc.
Ce troisième piège est particulièrement fréquent et est caractérisé par l’omniprésence de la notion « Projet Informatique ». De toute l’histoire de l’Ingénierie, on n’a jamais appelé le nom de l’ensemble par le nom d’une de ses composantes !

Ainsi, ces 3 pièges principaux sont à éviter pour faire mentir le Paradoxe de Solow, toujours valide aujourd’hui.
Rappelons qu’il n’y a qu’un tiers des projets à composante informatique qui terminent dans le budget, dans le délai et conformément au cahier des charges (vision Ingénierie Informatique). Seuls 5 à 10% des projets à composantes informatiques sont en mesure de réaliser les bénéfices attendus (vision Ingénierie SI).

Notre deuxième enquête s’est concentrée sur les pièges à éviter.

Après analyse, nous avons observé que 62% des entreprises sont fortement touchées par le fantasme technologique contre seulement 19% qui l’ont évité.

39% des entreprises ont une gouvernance déficiente, seules 20% pense avoir une gouvernance satisfaisante pour l’informatique et le numérique.
De plus, 8% des entreprises estiment que la Direction Générale est impliquée dans la création de valeur.

La notion de « projet informatique » reste très présente pour 89% des entreprises alors que seules 11% l’ont dépassé en parlant de projet d’entreprise. Enfin, dans ces projets, 22% intègrent la partie fonctionnement cible (processus, organisation, compétence, etc.) ce qui devrait être la norme.

Ainsi, les pièges identifiés par les dernières études de recherche sont encore omni présents dans les organisations indiquant un manque de maturité évident et une impréparation pour faire face aux challenges de la transformation numérique.

Une fois ces trois leviers maîtrisés et les trois pièges évités, l’expérience montre que pour réussir la transformation des entreprises, 3 facteurs clés de succès principaux sont à considérer.

Le 1^er facteur clé de succès est de repenser le Business Model de l’entreprise à l’aide d’une stratégie numérique qui s’appuiera largement sur le projet d’entreprise et sur les 3 leviers numériques cités plus haut.
En particulier, cette stratégie doit intégrer la notion de Business Model asymétrique et/ou de modèle Biface en n’obérant pas d’embrasser d’autres métiers dans lesquels l’entreprise pourrait apporter une valeur ajoutée. Le vecteur principal de ce changement de territoire est la data. Ainsi, ces nouvelles stratégies doivent être Data centric et asymétriques.

Le 2^e facteur clé est l’omniprésence de la valeur.
La valeur peut être à la fois économique et sociale. Pour ce faire, la culture valeur doit prendre le dessus sur la culture coût. Des méthodes appropriées comme OSER/MISER pour la gestion de portefeuille d’investissement, la justification des projets, l’analyse de la valeur, doivent être systématiquement utilisées.

Pour finir, le dernier facteur clé de succès est de privilégier la pensée systémique sur la pensée analytique classique.
La pensée de l’ingénieur, qui permet de gérer les choses compliquées est adaptée dans un monde déterministe où les grandes inventions ont été réalisées. Dès lors, il s’agit de perfectionner les produits et services tout en diminuant leurs coûts.
Dans un monde où la complexité prend le dessus sur le compliqué, la pensée systémique est indispensable. Elle privilégie l’ensemble du système incluant ses acteurs, plutôt que l’une de ses parties. Elle met en avant l’efficacité plutôt que l’efficience. C’est en ça que les organisations doivent revoir leur manière de penser.

L’enquête s’est terminée par un focus sur les facteurs clés de succès à mettre en œuvre afin de réussir la transformation de nos entreprises.

Nous avons observé que 73% des entreprises ne possèdent pas de stratégie numérique. Seules 11% disposent d’une stratégie numérique intégrant les notions de Business Model Asymétrique et orientée données.

59% n’ont pas de culture valeur et seulement 11% en ont une. 19% d’entre elles ont une véritable culture d’innovation en ce qui concerne le numérique.

La pensée systémique, pour réinventer les modèles et saisir les nouvelles opportunités, n’est pas présente pour 59% des entreprises.

L’analyse nous montre bien que les facteurs clés de succès sont encore peu présents dans les entreprises.